Coordination de ARICY CURVELLO
MÁRIO DE ANDRADE
(1890- 1945)
POÉME DE L’ AMIE
Le soir se couchait dans mes yeux
Et la fuite des heures me rendait avril,
Une saveur familière d’ au-revoir créait
Un air et, je ne sais pourquoi, je t’ aperçus.
Je revins en fleur. Mais ce n’ était que ton souvenir.
Tu étais loin, douce amie ; et je n’ ai vu dans le profil de la ville
que l’ archange souple du gratte-ciel rose
Remuant ses ailes bleues dans le soir.
Ø Đ Φ
DIMANCHE
I
Le jardin embellit les familles
Mais les robes du dimanche
Font voir, derrière les ouvrages,
Des écriteaux sans beaucoup d’ idéal...
La radio porte le foot-ball dans la bouche,
Le tapage rehausse le crépuscule
Dans son calme dominical.
On se bat en Chine...
Et mon âme n’ en peut plus,
Déborde comme l’ eau
Du verre trop plein.
II
Lassitude qui desagrège...
Mon âme vous emporterait
Vers une autre égalité sereine…
Prions pour les Napoleons !
Je tressaille à la limite des choses,
Mais il se peut que l’ usage des yeux
Soit dejà um abus de notre temps,
Et si la brise nous fend la lèvre,
L’ injustice est si grande, si grande,
Que même le sourire ne se porte plus.
On s’ entredévore à Cuba...
Echoné à l” enchevêtrement des rues
On ne se supporte plus cet organisme.
C’ est un fruit par trop mûr déjà.
Adieu mon âme,
Toute seule.
Ø Đ Φ
(Da antologia “La poésie brésilienne”, com organização e tradução de A. D. Tavares-Bastos, premiada em 1954 pela Academia Francesa. A 1a. edição francesa foi lançada por Editions Seghers, em Paris, em 1966.)
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