Coordination de ARICY CURVELLO
MANUEL BANDEIRA
( 1886-1968 )
Noite morta
Petrópolis, 1921
Noite morta.
Junto ao poste de iluminação
Os sapos engolem mosquitos.
Ninguém passa na estrada.
Nem um bêbado.
No entanto há seguramente por ela uma procissão de sombras.
Sombras de todos os que passaram.
Os que ainda vivem e os que já morreram.
O córrego chora.
A voz da noite ...
(Não desta noite, mas de outra maior.)
ш * ш
Nuit morte
Petrópolis, 1921
Nuit morte.
Près du réverbère
Les crapauds avalent des moustiques.
Personne sur la grande-route.
Pas même un ivrogne.
Cependant une procession d’ ombres y passe certainement.
Ombres de tous ceux qui ont passé.
Ceux qui vivent encore et ceux qui sont morts.
Le ruisseau pleure.
La voix de la nuit ...
(Non plus de cette nuit, mais d’ une autre nuit, plus grand encore.)
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FLORES MURCHAS
Pálidas crianças
Mal desabrochadas
Na manhã da vida !
Tristes asiladas
Que pendeis cansadas
Como flores murchas !
Pálidas crianças
Que me recordais
Minhas esperanças !
Pálidas meninas
Sem amor de mãe,
Pálidas meninas
Uniformizadas,
Quem vos arrancara
Dessas vestes tristes
Onde a caridade
Vos amortalhou !
Pálidas meninas
Sem olhar de pai,
Ai quem vos dissera,
Ai quem vos gritara:
― Anjos, debandai !
Mas ninguém vos diz
Nem ninguém vos dá
Mais que o olhar de pena
Quando desfilais,
Açucenas murchas,
Procissão de sombras !
Ao cair da tarde
Vós me recordais
― Ó meninas tristes ! ―
Minhas esperanças !
Minhas esperanças
― Meninas cansadas
A quem ninguém diz:
― Anjos, debandai !
Ж * Ж
FLEURS FANÉES
Pâles fillettes
A peine écloses
A l’ aube de la vie !
Tristes prisionières
Qui penchez lasses
Comme des fleurs fanées !
Pâles fillettes
Qui me rappelez
Mes espérances !
Pâles petites
Sans amour de mère
Pâles petites
En uniforme,
Qui vos arrachera
De ces vêtements sombres
Où la charité
Vous a ensevelies ?
Pâles enfants
Sans regard de père
Hélas ! qui vous dira
Hélas ! qui vous criera
― Anges, dispersez-vous !
Personne ne vous le dit
Personne ne vous accorde
Qu’ un regard de pitié
Lorsque vous passez,
Tendres lis fanés,
Procession d’ ombres
A la tombée du soir
Vous me rappelez
― O tristes enfants !
Mes espérances
Mes espérances
― Fillettes lasses,
Pâles enfants
A qui personne ne dit
― Anges, dispersez-vous !
(Da antologia “La poésie brésiliènne”, com organização e tradução de A. D. Tavares-Bastos, premiada em 1954 pela Academia Francesa. A 1a. edição francesa foi lançada por Editions Seghers, em Paris, em 1966.)
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CHAMBRE VIDE
Petrópolis, 1925
Petit chat blanc et gris
Reste encore dans la chambre
La nuit est si noire dehors
Et le silence pèse
Ce soir je crains la nuit
Petit chat frère du silence
Reste encore
Reste auprès de moi
Petit chat blanc et gris
Petit chat
La nuit pèse
Il n´y a pas de papillons de nuit
Où sont donc ces bêtes?
Les mouches dorment sur le fil de l´électricité
Je suis trop seul vivant dans cette chambre
Petit chat frère du silence
Reste à mes côtés
Car il faut que je sente la vie auprès de moi
Et c´est toi qui fais que la chambre n´est pas vide
Petit chat blanc et gris
Reste dans la chambre
Eveillé minutieux et lucide
Petit chat blanc et gris
Petit chat.
(Libertinagem)
BONHEUR LYRIQUE
Coeur de phtisique
O mon coeur lyrique
Ton bonheur ne peut pas être comme celui des autres
Il faut que tu te fabriques
Un bonheur unique
Un bonheur que soit comme le piteux lustucru en chiffon
{d´une enfant pauvre
- Fait par elle-même.
(Libertinagem)
(Tanto “Chambre vide” quanto “Bonheur lyrique” foram escritos em Francês pelo próprio poeta e assim publicados em livro (“Libertinagem”, 1930), sem haver uma correspondente versão original em Português.)
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EVOCAÇÃO DO RECIFE
Rio, 1925
RECIFE
Não a Veneza americana
Não a Mauritsstaad dos armadores das Índias Ocidentais
Não o Recife dos Mascates
Nem mesmo o Recife que aprendi a amar depois ―
Recife das revoluções libertárias
Mas o Recife sem história nem literatura
Recife sem mais nada
Recife da minha infância
A Rua da União onde eu brincava de chicote-queimado e
[ partia as vidraças da casa de dona Aninha Viegas
Totônio Rodrigues era muito velho e botava o pincenê na
[ ponta do nariz
Depois do jantar as famílias tomavam a calçada com cadeiras,
[ mexericos, namoros, risadas
A gente brincava no meio da rua
Os meninos gritavam:
Coelho sai !
Não sai !
À distância as vozes macias das meninas politonavam:
Roseira dá-me uma rosa
Craveiro dá-me um botão
(Dessas rosas muita rosa
Terá morrido em botão ... )
De repente
nos longes da noite
um sino
Uma pessoa grande dizia:
Fogo em Santo Antônio !
Outra contrariava: São José !
Totônio Rodrigues achava sempre que era São José.
Os homens punham o chapéu saíam fumando
E eu tinha raiva de ser menino porque não podia ir ver o fogo
Rua da União...
Como eram lindos os nomes das ruas da minha infância
Rua do Sol
(Tenho medo que hoje se chame do Dr. Fulano de Tal)
Atrás de casa ficava a Rua da Saudade...
... onde se ia fumar escondido
Do lado de lá era o cais da Rua da Aurora...
... onde se ia pescar escondido
Capiberibe
― Capibaribe
Lá longe o sertãozinho de Caxangá
Banheiros de palha
Um dia eu vi uma moça nuinha no banho
Fiquei parado o coração batendo
Ela se riu
Foi o meu primeiro alumbramento
Cheia! As cheias! Barro boi morto árvores destroços redomo –
[ inho sumiu
E nos pegões da ponte do trem de ferro os caboclos destemidos
[ em jangadas de bananeiras
Novenas
Cavalhadas
Eu me deitei no colo da menina e ela começou a passar a mão
[ nos meus cabelos
Capiberibe
― Capibarabe
Rua da União onde todas as tardes passava a preta das bananas
Com o xale vistoso de pano da Costa
E o vendedor de roletes de cana
O de amendoim
que se chamava midubim e não era torrado era cozido
Me lembro de todos os pregões:
Ovos frescos e baratos
Dez ovos por uma pataca
Foi há muito tempo...
A vida não me chegava pelos jornais nem pelos livros
Vinha da boca do povo na língua errada do povo
Língua certa do povo
Porque ele é que fala gostoso o português do Brasil
Ao passo que nós
O que fazemos
É macaquear
A sintaxe lusíada
A vida com uma porção de coisas que eu não entendia bem
Terras que não sabia onde ficavam
Recife...
Rua da União...
A casa de meu avô...
Nunca pensei que ela acabasse!
Tudo lá parecia impregnado de eternidade
Recife...
Meu avô morto.
Recife morto, Recife bom, Recife brasileiro como a casa de
[ meu avô
ÉVOCATION DE RECIFE
Rio, 1925
RECIFE
Pas la Venise américaine
Ni la Mauritsstaad des armateurs pour les Indes Occidenta-
les
Ni le Recife des colporteurs
Pas même le Recife que j’ ai appris à aimer après ― Recife
des révolutions libératrices.
Mais Recife sans histoire ni littérature
Recife tout court
Recife de mon enfance
La Rue de l’ Union où je jouais au cache-mouchoir et cassais
les vitres de chez Dona Aninha Viègas.
Totônio Rodrigues était très vieux et mettait son pince-nez au
bout du nez.
Après dîner les grandes personnes occupaient le trottoir avec
des chaises, des potins, des amourettes, des rires.
On jouait au millieu de la rue
Les petits garçons criaient
Le lapin sort!
Sort pas!
Là-bas les voix douillettes des petites filles chantaient:
Rosier donne-moi une rose
Rosier donne-moi un bouton
(De ces roses-là, bien des roses seront mortes en bouton...)
Tout à coup
au loin dans la nuit
une cloche
Une grande personne disait
― “Le feu à Santo-Antonio! “
Une autre opposait: “ À São José! “
Totônio Rodrigues était toujours d’ avis que c’était à São José
Les messieurs mettaient leur chapeau et sortaient en fumant
Et j’ enrageais d’ être petit et de ne pouvoir aller avec eux.
Rue de l’ Union
Qu’ ils étaient jolis les noms de rues dans mon enfance
Rue du Soleil
(J’ ai peur qu’ on la nomme aujourd’hui ―rue Monsieur Untel!)
Derrière notre maison c’ était la rue de la Saudade...
... où l’ on allait fumer en cachette
De l’ autre côté c’ était le quai de la rue Aurore...
... où l’ on allait pêcher en cachette
Capiberibe
Capibaribe
Là-bas le “Sertãosinho” du Cachanga.
Les baignards auprès des cabines de paille.
Un jour j’ai regardé une jeune fille qui se bagnait toute nue
Je me suis arrêté le coeur battant
Elle se mit à rire
Ce fut mon premier éblouissement.
La crue! Les crues! boeuf mort arbres débris remous c’ en
est fait
Et aux arcs-boutants du pont du chemin de fer les “cabo –
clos” téméraires sur les radeaux de bananiers
Neuvaines
Chevauchées.
Je me couchai sur les genoux de la jeune fille et de sa main
elle me caressa des cheveux
Capiberibe
Capibaribe
Rue de l’ Union où chaque soir passait la négresse aux
Bananes
A l’ écharpe superbe en étoffe d’ Afrique
Et le marchand de rouleaux de canne-à-sucre
Celui des cacahuètes qu’on appelait “midubin” et qui
n’ étaient pas grillées à peine cuites.
Je me rappelle tous les crieurs
― Oeufs à bon marché
quat’ sous les dix oeufs !
Il y a longtemps de cela
La vie ne venait pas à travers les journaux et les livres
Elle venait par la bouche du peuple dans son langage
sans grammaire
Langage correct du peuple
Parce que c’ est lui qui parle savoureusement le portugais
du Brésil.
Tandis que nous
Ce que nous faisons
C’ est singer
La syntaxe lusitanienne
La vie pleine de tant de choses que je ne comprenais pas
très bien
Des pays dont j’ ignorais tout.
Recife....
Rue de l’ Union...
La Maison de mon grand-père
Je n’ ai jamais songé qu’ un jour le temps aurait raison
d ‘ eux
Tout y semblait impregné d’ éternité
Recife …
Mon grand-père mort …
Recife mort, Recife bon, Recife brésilien comme la maison
de grand-père.
POÈMES FRANÇAIS D´ÉCRIVAINS BRÉSILIENS. Choix et notes biographiques de Luz Annibal Falcão – Président de l´Alliance Francaise de Rio. Préface de Francis de Miomande. Pèrigueux, France: L´Atelier de Pierre Fanlac, Près Tour de Vésone, 1967. 118 p. 14,5x19,5 cm. Inclui poemas de autores brasileiros escritos originalmente em francês.
Manuel de Souza Bandeira est né à Recife, Etat de Pernambuco. Ayant fait ses études à Rio de Janeiro, puis à Sao Paulo, il suivit la carrière universitaire, étant actuellement professeur des littératures hispano-américaines à l'Université de Rio.
Ecrivain et poète, il publia en 1917 son premier recueil de poèmes « A Cinza das Horas » (La Cendre des Heures), qui le classa d'emblée parmi les plus grands poètes du Brésil. On sentait, dans ses poèmes, une émotion profonde, une sensibilité contenue, une amertume voilée mais poignante, sous une forme par¬faite, d'un rythme et d'un son nouveaux, et, par-dessus tout, cet indéfinissable qui est la magie de la poésie.
Ce n'est qu'en 1936 que Manuel Bandeira publia son premier livre en prose : « Les Chroniques de la Pro¬vince du Brésil », où il évoque avec maîtrise le Brésil colonial. En prose, on lui doit encore un magnifique « Guide de Ouro Preto », une Histoire des Littératures et une « Présentation de la Poésie Brésilienne », outre quatre anthologies de poètes brésiliens. En poésie, après « Carnaval » (1919) « Libertinage » (1930) et « Estrela da Manha » (1936). Il a publié plusieurs éditions de ses poèmes, dont quelques-uns ont été composés en français.
Manuel Bandeira appartient à l'Académie Brésilienne depuis 1940.
MES VERS TE FONT DU MAL
Mes vers te font du mal
Cependant, je voudrais te donner du bonheur
Mais ce n'est pas ma poésie qui t'en donnera jamais
Mes vers sont des malades mauvais De pauvres envieux
Ce sont des démons, je voudrais pour toi qu'ils fussent
[des anges
Donc je me tairai comme les poètes qui se font avocats Et d'ailleurs, qu'importe ? il y aura toujours des poètes Pour dire les joies du bonheur et les larmes de la
[souffrance
BONHEUR LYRIQUE
Cœur de phtisique O mon cœur lyrique
Ton bonheur ne peut être comme celui des autres
Il faut que tu te fabriques
Un bonheur unique
Un bonheur qui soit comme le piteux lustrucu
en chiffon d'une enfant pauvre
Fait par elle-même
LES COMPLAINTES DE JULIEN LESCAUT
I
Je voudrais lire en ses pensées...
Mettre en confesse au bord des yeux
Les petits sphinx silencieux
De ses tentations passées
Je voudrais revivre sa vie
Moi-même et n'en ignorer rien,
Pour que son passé fut le mien
Dans sa plus passagère envie.
Car je jalouse son passé
Dont, hélas ! mon âme est exclue.
Ma tendresse est trop absolue,
Et je fais le rêve insensé
(O mon pauvre rêve en émoi
Que n'y puis-je croire ! ) d'un monde
Où dans la paix la plus profonde
Elle ne fit qu'un avec moi.
II
Je ne saurai vivre longtemps,
Et j'emporterai de la vie
La passion inassouvie
Des chères mains que j'aime tant.
Les confidentes de jadis
O les chères mains d'où me viennent
Mes bons désirs, mains qui retiennent
La clé de tous mes paradis
Je ne saurai vivre longtemps,
Mais si d'une amour insensée
S'éprenait soudain sa pensée,
Je voudrais mourir à l'instant.
Je ne saurais vivre longtemps,
Et pourtant si j’]etais ssûr d’elle,
S i non coeur me restait fidèle
Alors... oui, je mourrais content.
Extraído de
FRÓES, Heitor F. Meus poemas dos Outros. Traduções e versões. Bahia, 1952. 312 p. Ex. bibl. Antonio Miranda
CONFISSÃO
Se não a vejo e o espírito a afigura,
Cresce este meu desejo de hora em hora...
Cuido dizer-lhe o amor que me tortura,
O amor que a exalta e a pede e a chama e a implora.
Cuido contar-lhe o mal, pedir-lhe a cura...
Abrir-lhe o incerto coração que chora,
Mostrar-lhe o fundo intacto de ternura
Agora embravecida e mansa agora...
E é num arroubo em que a alma desfalece
De sonhá-la prendada e casta e clara,
Que eu, em minha miséria, absorto a aguardo...
Mas ela chega, e toda me parece
Tão acima de mim... tão linda e rara...
Que hesito, balbucio e me acobardo.
AVEU
Trad. Heitor P. Fróes
Quand je ne la vois plus je la devine,
Et mon désir croît invinciblement;
Je voufrais lui parler de mon tourment,
Mon amour que l´exalte et me chagrine...
Je voudrais qu´elle fût ma medicine;
Lui dévoiler ce pauvre coeur aimant
Et cette espécie d´attendrissement
Qui tantôt cede et qui tanôt domine!
C´est em extase, incesamment saisi
De me la figurer si chaste et frêle,
Que je l´attends, dans mon malheur transi...
Mais sitôt qu´elle vient — rare e candide,
Tellement au-dessus de moi... si belle...
J´hésite, je begaye et m´intimide!
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Página publicada em novembro de 2008; página ampliada em agosto de 2016; ampliada em dezembro de 2017
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