Coordination de ARICY CURVELLO
CECÍLIA MEIRELES
FUTURO
É preciso que exista, enfim, uma hora clara,
depois que os corpos se resignam sob as pedras
como máscaras metidas no chão.
Por entre as raízes, talvez se veja, de olhos fechados,
como nunca se pôde ver, em pleno mundo,
cegos que andamos de iluminação.
Perguntareis : “Mas era aquilo, o teu silêncio ?”
Perguntareis : “Mas era aquilo, o teu coração ?”
Ah, seremos apenas imagens inúteis, deitadas no barro,
do mesmo modo solitárias, silenciosas,
com a cabeça encostada à sua própria recordação.
FUTUR
Il faut qu’ il y ait enfin une heure claire
quand reposent les corps resignés sous les pierres
comme des masques enfouis dans le sol.
Parmi les Racine, peut-être voiit-on les yeux fermés,
comme jamais on ne peut voir sur terre,
aveuglés que nous sommes par tant de lumière.
On demandera: “ Mais c’était cela, ton silence ?”
On demandera: “ Mais c’était ainsi, tonm coeur ?”
Hélas, nous ne serons que d’inutiles images couchées dans
l’ argile,
toutes pareillement solitaires, silencieuses,
la tête reposant sur le souvenir.
(“Mar Absoluto”)
-----------------------------------------------------------------------------------------
PAUSE
Maintenant, c’ est comme après un enterrement.
Laisse-moi dans ce lit á la taille de mon corps
près du mur uni d’ où jaillit um sommeil vide.
La nuit défait le pauvre jeu des variétés.
Mets la ligne de l’ horizon entre mes cils
et trempe de silence le dernier brin d’ espoir.
Laisse faire ce grillon invisible
- du mercure qui tressaille sur la paume de l’ ombre –
laisse-le mener sa musique à lui seul
propre à faire cesser tout à coup l’ arabesque des souvenirs.
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
LE VENT
Les vents d’ août sont passés qui tout emportèrent.
Les arbres humiliées frappèrent le sol de leurs rameaux.
Des tois s’ en allèrent, et des échafaudages,
des choses infinies s’ en sont allées:
les nids que les hommes n’ avaient pas aperçus parmi les
branchages
et un espoir invisible habitant un coeur.
Les vents d’ août sont passés, terrifiants, au coeur de la nuit.
Ils marchèrent sur tous les sommeils ecrasés.
Après, sur le paysage las de tant d’ aventure - sans forme
et sans écho –
le soleil retrouva les enfants qui venaient en quête du vent
pour faire monter leurs fragiles cerfs-volants.
Ø Đ Φ
(Da antologia “La poésie brésilienne”, com organização e tradução de A. D. Tavares-Bastos, premiada em 1954 pela Academia Francesa. A 1a. edição francesa foi lançada por Editions Seghers, em Paris, em 1966.)
POESIA SEMPRE. Revista da Biblioteca Nacional do RJ. Ano 1 – Número 2 – Julho 1993. Rio de Janeiro: Fundação Biblioteca Nacional / Ministério da Cultura – Departamento Nacional do Livro. ISSN 0104-0626m Ex. bibl. Antonio Miranda
Chanson de nuit
Pleine nuit, lune calme,
murs froids, plage plate.
Marcher, marcher, un poète
n'a pas besoin de maison.
Passée la dernière porte,
le reste est terre d'abandon.
Un poète, dans la nuit morte,
n'a pas besoin de sommeil.
Marcher... Perdre son pas
dans la nuit également perdue.
Un poète, à la merci de l'espace,
n'a même pas besoin de vie.
Marcher... tant que Dieu
consent à la traversée de la nuit.
Parce que le poète, indifférent,
marche pour marcher — seulement.
Il n'a besoin de rien.
Traduction de Gisèle Slesinger Tygel
Extraído de
LA POÉSIE BRÉSILIENNE CONTEMPORAINE. Anthologie réunie,
préfacée e traduite par A. D. TAVARES-BASTOS. Ouvrage
couronée par l´Academie Française em 1954. Paris: Editions Seghers,
1966. 292 p. sobrecapa. Ex. bibl. Antonio Miranda
ENGAGEMENT
Mes épules potente um engagemente séculaire.
les veilles de mon regard ne m´apartiennent pas;
le travail de mes bras
est une dette sunaturelle.
Les yeux de mes ancêtres
interrogent le monde,
leurs mains en moi cherchent
ce qui n´a pas été obtenu.
Des rytmes de construction
ont durci ma jeunesse
et m´ont retardée dans la mort.
Vis! — clament ceux qui sont partis
ou trop tôt ou irréalisés,
Vis pour nous! — supplient-ils.
Je vis por eux, hommes et femmes
d´autres âges, d´autres lieux, parlant d´autres langages.
Gens de mer et gens de terre,
suant, salés, hirsutes.
Gens de brume, à peine ébauchés.
Comsme si là-bas contre le mur
se trouvaient les filets, les avirons,
la carte:
dehors poussent le blé, la vigne,
une brebis s´approche de la porte,
me regarde au clair de lune
s´sinterrogeant elle aussi
Attendez! Calmez-vous!
Celle-là c´est moi — l´innombrable
Je serai païenne comme les arbres
er mystsique comme un druide.
Avec la vocation de la mer et de ses symboles.
Avec l´entendement tacite,
instinctif,
des racines, des nuages,
des bétes et des ruisseaux errants.
Des charrues là-bas sillonnent mon âme
Là-bas sén vont les grands navirtes obstinés.
Je suis ma prope audience,
jour et nuit, sciemment.
Je mmène mon peuple
et me donne à lui.
Et ainsi nous nous comprenons.
Phare de la planète et du firmament,
boussole éprise d´éternité,
sentiment aigu des horizons,
pouvoir d´embrasser, d´envelopper
les choes quei souffrent
et de les porter sur les épaules comme les croix et les agneaux.
Nous sommes une bande de somnambules
em promenade dans le bonheur
en des parages sans soleil et sans lune.
“ MAR ABSOLUTO”
GUERRE
Il y a tant de sang
que les fleuves se détournent de leur rythme,
l´océan délire
et repousse son écume rouge.
Il y a tant de sang
que l alune elle-même se leve. Effroyable,
errant en des endroits tranquilles,
somnambule aux halos rouges,
le feu de l´enfer dans ses cheveux.
Il y a tant de morts
que les visages eux-mêmes, côte à côte, ne se reconnaissent pas,
et les morceaux des corps sont là comme des épaves sans emploi.
Oh, les doigts et leurs aliances perdus dans la boue...
les yeux qui ne cillente plus devant la poussière...
Les bouches aux messages égarés...
Le couer jeté aux vers, sous les épais uniformes...
Il y a tant de morts
que les âmes seules formeraient des colonnes,
les âmes dégagées... — et atteindraient les étoiles.
Et les machines aux entrailles béantes,
et les cadavres encore armés,
et la terre avec ses fleurs qu brûlent,
et les fleuves effarés, zèbrés comme des tigres,
et cette mer folle pleine d´incendies et de naufragessss,
et la lune hallucinée de tout ce dont elle a témoigné,
et vou et nous, indemnes,
pleurant sur des fotos,
— tou n´est qu´échafaudages qui se dressent et s´effondrent
parmi les temps longs, —
rêvant d´architectures.
(Idem)
IMPROMPTU POUR NORMAN FRASER
Le musicien à mês côtés mange
Le petit poisson argenté.
Il parcourt as peau éclatante,
l´ouvres doucement d´um bout à l´autre.
Dieu humide d´eau et d´albâtre,
surgit le poisson dévêtu.
Et comme les dieux, petit à petit,
l´homme est em train de la détruire.
Ah quel culte délicat,
quel traitement harmonieux
Peut-on dispenser à un poisson
comme un dieu exposé sur un plat!
Venez voir, ó tyrans du monde,
cette extreme délicatesse
de manger! — qui fait qu´on pardonne
le fil du couteau sur la table!
Dans sa peau luisante,
mince, net, entier, exact,
git le poisson — rameau d´arêtes
musicalement découvert.
O fin bienheureuse! Enviez-le
coraux, anémones, méduses!
Le voici au-delà de la chair;
frase secrète en triples crochês!
“RETRATO NATURAL”
JOURNÉE SOUS-MARINE
Au fond de la mer
s´entretiennent
les naufragés.
Ils son si absorbes, si absorbes
qu´ils ne sentente pas l´eau dans leurs vêtements.
In ne leur faut même pas pleurer
car la mer n´est que larmes.
Rien que des larmes, la mer.
L´eau et un diament dans leurs yeux immobiles.
Et il y a partout des lumières magiques.
Ils n´ont ni soif ni faim.
Maintenant libres, pour toujours, leurs lèvres
sans paroles, sans sourires,
sans se rappeler même leur nom.
Ah tout est libre à présent
qu´on ne parle ni pleure.
Mais le s menottes des enfants
s´agitent sous le poids des eaux,
car eles sonte légères e de limbe,
limbe liquide des souffrances.
Les mères songent
que peut-être leurs enfants
veulent cueillir des algues,
que leurs enfants souffrent
pour d´inutiles esperances,
sans larmes et sans paroles...
C´est cela qui ternit l ajoie
au paradis des naufragés.
(Idem)
DÉCLARATION D´AMOUR EN TEMPS DE GUERRE
Madame, je vous aimerai dans une alcôve de soie
parmi les marbres clairs et de longues gerbes de roses,
et vou chanterai des airs tranquiles
avec des clairs de lune, des barques sur les eaux mélodieuses.
(Dans mon pays, Madame, les hommes
Sont maintenant aux champs.)
Afin de ragarder vos yeux, j´allumarai des bougies
qui rendent doux les cils et les diamants.
Vos perles glissèrent parmi mês doigts
— et dans mon âme le sable de ces moments limpides.
(Dans mon pays, Madame, les hommes,
commencent às souffrir en cet instant.)
Nous serons tellement seuls parmi les rideaux épais,
nos profonds miroirs seront si graves
que je laisserai couler mês larmes tranquilles
seu le collines de cristal de vos genoux.
(Dans mon pays, Madame, les hommes
sont en train de mourir.)
Vous êtes mon cyprès, la fenêtre, la colonne
et la statue que restera dans as robe de lierre;
l´oiseau auquel um Romain pose la dernière question,
et la fleur qui pousse dans la main du printemps ressuscite.
(Dans mon pays, Madame, les hommes
pourrissent dans les champs en ce moment.)
(Idem)
Página ampliada e republicada em junho de 2018
|