Sculpture de Antonio Miranda
PEUR DE VIVRE
Poème d’Antonio Miranda
traduit par Oleg Almeida
Toute notre poésie, toute notre pensée, du plus haut au plus bas, est marquée et plus que marquée par l’importance diffuse que l’on donne à l’amour, présenté toujours comme événement principal. Peut-être qu’à cause de ce jugement la postérité trouvera à tout l’héritage de la civilisation chrétienne quelque chose de mesquin et de fou. NIETZSCHE (Aurore : Réflexions sur les préjugés moraux, § 76)
Qu’on vienne me défendre de moi-même,
qu’on me sauve de moi. Je veux être sans tort,
pénalisé par ma propre fierté.
On a fait un plaisir de la douleur :
la croix en mouvement
comme le fondement de l’existence.
Désapprendre à croire, renverser le sens
et, transformant ce qu’on apprend,
changer notre pensée.
Que cette coupe passe loin de moi !
Il se plaît à coup sûr dans sa souffrance,
celui qui se voit digne de la pénitence
à laquelle on l’a condamné
pour être né.
Quelqu’un est-il conçu hors du péché ?
Les sentiments réguliers sont des sources
de la misère et du malheur :
toute origine est une culpabilité,
tout avenir est un devoir incontournable.
Le malfaisant jouit de sa dévotion au mal insurmontable.
L’éthique est une esclave des coutumes –
dit la rengaine moraliste –
et l’être libre tombe en décadence.
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