PARMÉNIDE ET L’ÊTRE
Poème d’Antonio Miranda|
traduit par Oleg Almeida
Photo de Silvio Zambroni
« Je pense, donc je suis »
DESCARTES (1596-1650)
« Car le penser et l’être sont la même chose »
PARMÉNIDE (530-460 av. J.-C.)
J’ignore en quel point mon identité
me rend similaire ou dissimilaire...
Je ne m’aperçois des similitudes
qu’en les opposant aux dissimilitudes...
Et peu m’importent ces différences
qui me séparent des autres...
Ont-elles tant d’importance, les différences
au cours de ma propre existence ?
Les ressemblances et les différences se fondent
et me confondent... C’est que je suis, moi,
ce que je ne suis plus... Et pourtant
je ne serai jamais ce que je n’ai jamais été...
Selon le mot juste de Parménide,
le non-être n’est pas, et ce qui n’est pas,
tu ne sauras le connaître,
bien que les poètes le veuillent.
Continuer donc à être ce qu’on a déjà cessé d’être,
car l’être est un et continu...
Et l’on continuera à être
même après avoir cessé d’être.
Rien ne s’efface dans la Nature :
il n’y a pas de commencement ni de fin.
On n’est venu de nulle part,
nulle part on n’ira.
NOTE : Dès son origine la poésie était la sœur de la philosophie, formant toutes les deux ce qu’on pourrait appeler « poésophie ». L’un des plus grands mystères à élucider est, jusqu’à nos jours, le célèbre poème De la Nature, du présocratique Parménide, que nous connaissons par les fragments qui en restent et par les interprétations des philosophes modernes. Pourquoi ne pas nous approcher de ce poème à travers la poésie ? (Antonio Miranda)
|