OSCAR NIEMEYER
Poème d’Antonio Miranda
traduit par Oleg Almeida
Oscar Niemeyer,
un poète-sculpteur.
L’architecte du Roi.
Tant de lignes dans l’espace astral,
tant de courbes dans l’infini
des constellations virtuelles
qu’il a tracées en créant
ses terrasses coloniales,
ses rampes cosmiques.
Athée, communiste,
matérialiste des temples humains,
des chapelles spirituelles,
semblables aux mains étendues
dans une prière immortalisée
par le béton armé
de sa Cathédral (1).
Toutes les mains des gens de Brasilia,
du Minas Gerais et du Pernambouc et du Parana(2),
toutes les mains du Nord
et de Sao Paulo,
celles de tous les quadrants et octants
qui soutiennent tout l’univers
brésilien.
Les nuages qui passent
là-haut, scintillants,
et les avions de Real et Panair :
un complot angélique ;
des bureaucrates, des diplomates,
des hommes d’État et des hommes d’affaires qui volent
et des tempêtes qui tonnent, lançant des éclairs
à l’égal de nos feux d’artifice.
Qu’il est sensuel
dans ses curvilignes dessins symbolistes :
mains, réseaux, seins !
Divagations
ou plutôt abstractions
aux tendances figuratives,
ou seulement des structures-sculptures
baroques ou modernistes ?
Qu’il est théâtral
dans ses géométries épurées
et ses symétries libérées !
Ses volumes, espaces, hauteurs,
verticalités ;
ses sommets arrondis
qui éludent la forme statique
et l’aspect magnifique
en dépit des principes
et restrictions.
Niemeyer est monumental,
sinon plus que cela,
malgré toute sa sobriété :
plus léger quand il est fonctionnel
et concret,
mais plus dense quand il est poète.
Étonnant,
mais exempt de banalités,
puisqu’il est génial.
Tous les arts sont des frères
dans ses vitraux
et son marbre,
ses dômes chantants
et ses piliers dansants
et ses arcs ancestraux.
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