NON-LIEUX
Poème d’Antonio Miranda
traduit par Oleg Almeida
Antonio Miranda, photo: Juliano Serra 2005
I
Le rêve est un non-lieu
où je réside
virtuellement,
dans l’espace et le temps
de la non-existence,
et de leur permanence
ou de leur immanence
je dépends.
Conclusion : je rêve, donc j’existe.
II
Dans un tramway, anciennement...
sur un bateau ou dans un train en mouvement...
il y avait là des non-lieux concrets.
Et, actuellement, dans Internet.
Le tramway circulant,
l’avion survolant
et le bateau...
Existe-t-il un lieu en mouvement
(Un-lieu-de-ce-moment) ?
III
Où suis-je, si je suis ?
Je ne suis pas tenu
d’être au dedans.
Je vis dans une (planétaire)
galaxie
en expansion
(informationnelle)
et je suis où je vis.
IV
S’il y a tant de centres,
je suis l’un d’eux, moi :
le seul centre possible.
Et ce n’est pas à cause de l’égocentrisme,
mais, au contraire,
par la suite de l’exocentrisme
que je sors de moi-même
et je m’étends
grâce au partage dû à mes relations
nombreuses et rhizomateuses.
V
Si je choisis de naviguer, je suis choisi également
et je chois dans le vide en choisissant
zut... ma centralité
(j’ai failli dire « mon eccéité »).
Je me fractionne ainsi dans le réseau.
Distribué et digéré,
je vomis et, une fois de retour,
je me dévore et je m’excrète :
je suis un mutant.
VI
Je vais là où le réseau me conduit.
Mon lieu
(et mon adresse) est le réseau :
je m’y repose et je m’y reconnais,
enclos, pâlot, las de boulots
(et d’autres relations métatextuelles
ou hypertextuelles)... moi, un vif îlot.
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