LA NUDITÉ ET LE CATÉCHISME
Poème d’Antonio Miranda
traduit par Oleg Almeida
« Ils prennent autant de femmes qu’ils en désirent »
Améric Vespuce
I
Les forêts étaient nues,
étaient nues les plages et les montagnes.
Tout était pur, limpide, innocent.
Nues étaient les Indiennes, nus leurs enfants.
Il n’y avait pas de péché,
ni de honte, ni de perversité
dans l’exhibition des corps dénudés
et leurs parties intimes.
II
Impies, indécentes, impures !
Le péché avait débarqué
avec les religieux
et leurs règles morbides
qui entrainaient des préjugés.
Les hommes vêtus et armés,
puants de sueur,
ils trouvaient si lubriques
tous ces corps propres,
lavés et dorés
par la liberté...
Aussitôt outragés, possédés
et esclavagés
à mesure qu’on discutait la question
(res-nullis : c’était une chose,
pas une personne)
si les Indiens étaient des humains ou non
et si l’on pouvait les humaniser
par le catéchisme.
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