CONNAISSANCE DE SOI À TRAVERS LE CORPS
Poème d’Antonio Miranda
traduit par Oleg Almeida
Ilustração: José Campos Biscardi
Le corps est ma base
(c’est évident), mais (aussi)
ma relation avec le grand monde.
Je connais mon corps
(principalement) en dedans :
une intimité sans surprises,
renouvelée, jour par jour,
dans un dialogue
durable et sincère.
Je le parcours
en suivant le réseau vasculaire
et, au cours de cet exercice mental,
j’en perçois le fonctionnement
(tant de sous-systèmes), je vois
son intérieur, je le sens –
il ne sent rien, c’est moi qui le sens ! –
en partie et en tout,
ma pensée en saisit l’essence :
il augmente, il se renouvelle
et puis se dégrade,
alors que j’y assiste paisible.
Le corps a ses émois et humeurs :
il essaye de me dominer,
mais, une fois parvenu à ma maturité,
je le dompte sans tyrannie,
voire avec indulgence,
satisfaisant ses caprices
et ses envies.
J’échange mes expériences
(et mes connaissances) avec les lumières,
les sons et les airs,
à travers ce corps-ci
et non (seulement)
par le biais du cerveau.
C’est mon corps qui en sait
(beaucoup) plus que moi-même.
Il me reste donc à déchiffrer ses messages
et prendre mes décisions
chaque fois que je ne permets pas
qu’il m’engage dans ses rituels.
Ce n’est pas chaque fois qu’il répond
à mes stimuli,
je ne réagis pas, moi non plus,
à (tous) ses défis :
on se tient dans un équilibre précaire.
Ainsi, sans y survivre,
sans conclusion ni victoire,
je l’accompagne, mon corps,
à une distance passive et déterminante,
mais, dans cette fine biochimie
où nous cheminons (tous les deux),
je ne fais que le dépasser.
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