ANTOLOGIA DOS POETAS BRASILEIROS BISSEXTOS CONTEMPOR�NEOS. Organização: MANUEL BANDEIRA.
Rio de Janeiro: Editora Nova Fronteira, 1996. 298 p, 12 x 18 cm.
ISBN 979-85-209-0699-O��� Ex. bibl. Antonio Miranda
“Bissexto : todo o poeta que só entra em estado de graça de raro em raro.” MANUEL BANDEIRA
TARDE
E quando nós saímos era a Lua,
Era o vendo caído, o mar sereno
Azul se cinza azul anoitecendo
A tarde triste das amendoeiras.
E respiramos livres da ardências
Do sol nos levara à sombra cauta,
Tangidos pelo canto das cigarras
Dentro e fora de nós exasperadas.
Andamos em silêncio pela praia.
Nos corpos leves e lavados ia
O sentimento do prazer cumprido.
Se mágoa me ficou, na despedida,
Não fez mal que ficasse, nem doesse:
Era bem doce, perto das antigas.
ADEUS
“Adeus, escritório, adeus
Para sempre, e nunca mais.
Eu vou sair pelo mundo
Eu vou pra Minas Gerais,
Já não quero mais cidade
Onde tem muita prisão
E nenhuma liberdade.
Nem quero ser lavrador.
Eu quero ser vagabundo,
Mas de espingarda na mão.
Se precisar trabalhar
Mudo sempre de patrão.
Beber, ó bebo cachaça,
Não preciso beber mais.
Se morrer é de maleita
No fundo do mato: morte
Que rima com esta sorte
Do Brasil que Deus me deu.
Adeus mulherada, adeus,
Eu vou no rumo de Minas,
Pego o sertão de Goiás,
Mato onça e pesco muito.
Se forem me aborrecer
Vou matando sem aviso
O branco que aparecer.
Depois desço por um rio,
Vou pro Norte ou vou pro Sul,
Em Marajó ou no Prata
Eu varo as ondas do mar.
E saio por este mundo
barbado, pobre, sozinho,
Doente, todo estragado,
mas de espingarda na mão!
TEXTS EN FRANÇAIS
AFONSO ARINOS DE MELLO FRANCO
Extraído de
TAVARES-BASTOS, A. D. La Poésie brésilienne contemporaine. Antologie réunie, préfacée et traduite par… Paris: Editions Seghers, 1966. 292 p. capa dura, sobrecapa. Ex; col. bibl. Antonio Miranda
Né à Belo Horizonte (Minas Gérais) en 1905.
Fit ses débuts littéraires en 1928 lorsqu'il publia une thèse sur la responsabilité criminelle des per¬sonnes juridiques. En même temps que son activité se manifestait par plusieurs essais sur la politique, la sociologie, l'histoire et Fart, les revues publiaient ses poèmes qui n'ont pas encore été réunis en volume. Paru seulement en 1942, son drame en vers Marilia de Dirceu est inspiré par ses travaux sur Thomaz Antonio Gonzaga, l'auteur identifié des « Lettres chiliennes », satire en vers écrite vers la fin du XVIII" siècle sous le pseudonyme de Critilo. Afonso Arinos de Mello Franco figure dans Z'Anto-logia dos poetas modernos, publiée en 1935 par Dante Milano et dans Obras primas da lîrica brasi-leira, choix établi par Manuel Bandeira et Edgard Cavalheiro (1944) sur la poésie brésilienne.
Membre de l'Académie brésilienne, Sénateur, Ministre des Relations Extérieures à deux reprises, en 1961 et 1962, Afonso Arinos de Mello Franco a fréquemment représenté le Brésil à des Conférences internationales.
Bibliographie : Marilia de Dirceu, 1942.
MONTANA
Par l'étroite et ombreuse allée
qui côtoie le bois, borde le lac,
les bœufs complexes, subjectifs, opaques,
gravissent lentement la pente.
Ignorants de la svelte libération physique
qui dénonce à peine une absence d'âme,
méprisant l'irrémédiable superficialité
des gazelles, des chiens agiles, des ailes lancées dans l'air,
lourds, mesurés, porteurs d'un mystère vital,
les bœufs résignés passent avec un bruit de clochettes.
La nuit monte de la vallée
(je n'ai jamais compris pourquoi l'on dit qu'elle descend)
la nuit monte de la vallée sombre,
et, comme un fluide, comme un parfum qui s'envole, comme un esprit enveloppant et pénétrant, elle s'épand dans la lumière du ciel.
(Inédit)
ROBINSON CRUSOÉ
J'ai voulu construire un bateau de sauvetage
qui m'eût libéré de l'isolement de mon île déserte,
mon île stérile, entourée d'eaux violentes.
Peu à peu j'ai bâti sur le sable vierge
la quille puissante.
la proue élevée, altière comme un oiseau migrateur.
Je lui ai mis des voiles,
de grandes voiles blanches qui le feraient naviguer...
Oh ! le désir de quitter pour toujours l'impénétrable
solitude
et de fuir librement sur les eaux bleues et amples.
Mais après avoir épuisé tout mon effort.
j'ai vu alors que mon bateau énorme était si lourd,
que jamais je ne réussirais à le faire glisser jusqu'à la mer.
ÉLÉGIE DE LA PAIX A LAUSANNE
Dans le matin cendre d'automne
tombent les feuilles jaunies.
Je sais qu'elles tombèrent aussi au temps de Lamartine
et d'autres citoyens partis en première pour l'Eternité,
mais j'insiste à remarquer :
les feuilles jaunies tombent.
Douceur des hôtels de gare où jamais personne ne loge
dont les volets poussiéreux s'entrouvrent avec mélancolie.
Stabilité des pensions de famille
(confort moderne et eau courante dans toutes les chambres). Tendresse des cafés où les clients attardés sont en train
de lire les journaux autour de petites tables sur le trottoir.
Devant Y« Hôtel d'Europe et du Brésil », mon cœur saute
d'enthousiasme patriotique
et se réjouit du cri national « Indépendance ou Mort ! »
Les gosses sur le chemin de l'école portent un béret de velours
et les midinettes se hâtent accoutrées de fourrures à bon
marché.
Moi, sous mon pardessus, je garde mon secret comme tout le monde.
Confort de porter un secret aux particularités ignorées de tous.
Tous les passants, garçons de boutique, étudiants, moi-même,
nous emportons tous notre monde à chacun
étanche et impénétrable
protégé par la police des mœurs.
Loué soit Dieu, celui qui nous dévisage n'atteint pas nos
cœurs, ni le reste.
Mais tous, le joaillier Jacques Schwob lui-même,
le chef de gare aux moustaches agressives,
l'aveugle marchand de journaux, qui met les mains dans
ses poches pour les réchauffer, tous, nous avons le calme de l'acrobate à l'instant du saut
dans le vide,
ce calme qui est la suprême distension des muscles et de
l'esprit,
car tous, nous feignons de ne pas entendre au loin
le bruit de la vague inévitable qui se dresse ;
et faisons semblant de ne pas voir l'aiguille de feu
indiquant inexorablement
la grande heure rouge...
NOTRE-DAME DU BON VOYAGE
L'église de Notre-Dame du Bon Voyage
(Quel joli nom pour un voilier !)
a été construite en 1765
par ordre de monsieur le capitaine gouverneur des mines
pour les gens de Curral-d'El-Rey.
Dans cette église aux fenêtre vertes
on m'a baptisé.
Pendant le mois de Marie on l'enguirlandait de feuilles
vertes
et les petites fiUes chantaient en chœur :
« Au ciel, au ciel, avec ma mère je serai. »
En l'an 1925, monsieur le directeur des travaux publics
mit par terre la basilique du Bon Voyage
(quel joli nom pour un cimetière !)
et construisit à sa place
une cathédrale gothique dernier cri.
Je trouve que ce fut une sottise,
mais les gens de Minas ont dit que c'était un progrès...