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JE VOYAGE SUR TON CORPS

 

Poème d’Antonio Miranda

traduit par Oleg Almeida

 

 

 

Je voyage sur ton corps

comme un soleil qui basane

les contours de ta jeunesse

si suaves, si suaves.

 

Côte à côte, un paysage :

le soleil se précipite

de là-haut, le sable oscille

dans ses rayons estivaux.

 

Les voiles ridées regagnent le large ;

ton corps sur la plage,

ton corps sur le sable.

 

Des formes oblongues,

des voiles se gonflent

dans la mer ouverte ;

ton corps sur la plage,

ton corps sur le sable,

nos deux corps ensemble.

 

Il y a comme un écart

angulaire dans ces formes :

courbes, membres, plage ;

dos, plongeon, écailles ;

ton corps sur la plage,

ton corps sur le sable,

nos deux corps ensemble.

 

Nos corps se confondent,

fondus dans le four solaire :

c’est le sel de notre extase...

nos sueurs, nos jouissances...

c’est le sable, c’est l’orgasme.

 

Côte à côte, un paysage :

courbes, algues, arabesques,

immersion, fesses, plage

mise à nu, barque en dérive.

 

Du gouffre charnel aux vagues...

frondaison des arbres, bronches...

le soleil se précipite

de là-haut, surfeurs et sables...

c’est l’été qui bout en nous !

Que la mer éclate : écume,

courbes, membres, plage ;

dos, plongeon, écailles ;

mer immense qui oscille

sous le soleil estival.

 

Les voiles ridées regagnent le large ;

le mât qui se dresse,

ton corps sur la plage.

 

Des formes oblongues,

des voiles se gonflent

dans la mer ouverte ;

ton corps sur le sable.

 

Le dos et la brise

tangente à ta peau suave ;

les formes se plongent...

nos deux corps ensemble.

 

Je l’attends, ton corps,

mais c’est trop d’espace

pour mes pensées vaines,

car tes bras m’enlacent

même en ton absence.

 

C’est depuis longtemps

que j’attends ton corps,

et les explosions

du désir dompté me laissent

rongé par l’angoisse.

 

Je te vois partout,

dans les livres lus –

étalons mathématiques

ou canons philosophiques ;

je te vois encore

sur les pages tristes

que j’écris moi-même.

 

Tu n’es pas trop loin :

rien ne m’empêcherait

de te conquérir,

mais, vainqueur, je serais vaincu.

 

Donc, ni la durée

de l’attente ni ses causes

ne m’importent plus.

 

Je voyage sur ton corps

comme un soleil qui basane

les contours de ta jeunesse

si suaves, si suaves.

 

 

 

 

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